Notre petite fille, notre deuxième enfant, est arrivée il y a presque 15 jours. Et c’est bien la première fois que je peine à trouver les mots pour te décrire les récents événements… Tellement d’émotions différentes, tellement d’ascenseur émotionnel et d’imprévus. Je vais essayer de te raconter tout ça, même si ça risque d’être un peu brouillon… et au final peut-être pas si intéressant que ça, je sais pas trop.
J’ai passé cette grossesse à dire aux médecins qu’elle serait la même que pour mon garçon, je le sentais tellement… Et comme je le pressentais, en plus de mon hypertension, notre demoiselle a presque stoppé sa croissance une fois passé les 8 mois, comme son grand frère. En fait, très concrètement et allez savoir pourquoi, mon placenta arrête systématiquement de bosser au bout de 8 mois, voilà tout. A 38SA, il a donc été décidé de sortir cette petite crevette rapidement pour ne pas la mettre en danger.
Là où ça a un peu déconné c’est quand l’équipe médicale a voulu tenter un déclenchement doux malgré mon utérus cicatriciel (à base de ba-ba-llonnet, je vous laisse voir ça sur Google). Cet épisode s’est révélé être un beau fiasco puisque :
– le ballonnet a éclaté dans mon utérus au bout de quelques heures de grosses douleurs
– il a causé des dommages internes critiques et invisibles : gros hématome dans l’utérus et réouverture partielle de la cicatrice utérine, bonjour l’alerte rouge
– le col n’a de toute façon pas voulu se mettre en travail, ce dont j’étais certaine
Le lendemain midi, j’étais encore douloureuse mais nous sommes partis en salle de césarienne avec un obstétricien ultra sympathique, bienveillant et accessible qui a même accepté d’oublier la pose d’agrafes au profit d’une cicatrice au surjet (au fil) même si cela lui a pris plus de temps (ça change vraiment les choses croyez-moi, demandez-le en cas de césa !)
Bizarrement cette deuxième césarienne a été plus traumatisante que la première, malgré la grande qualité de l’équipe médicale autour de moi. Certainement parce que, par rapport à la première, je savais et j’anticipais tout ce qui allait se passer. Résultat j’ai eu une telle tremblante que j’en ai eu des crampes ainsi qu’une grosse contracture à la nuque (qui pulsait au rythme des pleurs de ma fille durant les jours qui ont suivi… véridique). Après l’opération on a commencé à réaliser les choses quand l’obstétricien est venu nous faire son compte-rendu « Bon, tout est bien qui finit bien. Mais entre l’hématome énorme sur l’utérus et la cicatrice qui avait commencé à se réouvrir… on est pas passés loin de la catastrophe… heureusement que vous n’avez pas opté pour la poursuite du déclenchement, ça aurait été la rupture utérine et l’hémorragie assurées. Il va falloir surveiller la cicatrisation. Et si vous désirez d’autres enfants… vraiment attendez plusieurs années. » Boum. Non pas qu’on voulait agrandir la tribu, mais on découvrait que le déclenchement de la nuit a failli causer notre perte, à moi et à la petite. Premier nuage.
Néanmoins la rencontre fut belle avec ma plume. Notre petite poupée de 2,3kgs… Le papa était ravi de pouvoir faire le fameux peau à peau paternel post césa. Personnellement j’ai accueilli cette petite brunette avec la même émotion et la même incrédulité que pour notre petit garçon. Il m’a aussi fallu les mêmes heures pour assimiler l’information : je suis à nouveau maman, cette petite chose contre moi est MA FILLE, une nouvelle vie commence, à quatre, à tout jamais.
Le second nuage dans notre ciel d’été après le déclenchement fut ma tension. J’avais échappé à la pré éclampsie mais une hypertension post-partum s’est gentiment invitée à la fête. Autant te dire que ça, ajouté à des tranchées (tu sais ces contractions que les primipares ne connaissent pas et qui apparaissent durant les tétées des deuxièmes enfants), à un utérus qui a morflé sa race, à une contracture et à des hormones un peu joueuses…
Le troisième nuage c’est le manque. Le manque de ton premier. Ton petit garçon de 4 ans qui vient te voir à la mater mais qui voudrait rester avec toi. Ou que tu rentres de suite avec lui. Et non, tu peux pas. Et c’est extrêmement dur. Pour toi comme pour lui. J’ai supplié. Qu’on me laisse sortir, retourner chez moi, agripper mon homme et mes enfants et ne plus bouger et oublier par la même la catastrophe frôlée sans le savoir.
Puis nous sommes rentrés. Plein de soulagement et d’appréhension mêlés face à cette nouvelle vie qui commençait. Tellement heureux mais craignant aussi un peu un déséquilibre soudain… un deuxième enfant oui, mais sans souffrance dans notre couple et sans que notre fils souffre de l’arrivée de sa petite sœur. Les premières 48h ont été duelles : il fallait prendre ses marques, gérer la fatigue, apprendre à mieux connaître notre puce et à décrypter ses besoins, et notre fils de son côté alternait des phases « petit garçon presque trop parfait » et « furie rebelle ». Épuisant pour nous et certainement pour lui, qui prenait de plein fouet ce raz de marée non maîtrisé. Et au moment où tout commençait à s’équilibrer…
…J’ai saigné et j’ai eu mal. A minuit passé, on a appelé le Samu, je souffrais, je pleurais, couchée dans le hall entre les chambres des enfants, je sentais une hémorragie, chose mortelle pour moi à ce moment-là. J’ai dû retourner à l’hôpital en urgence en abandonnant mes deux enfants dont un nouveau-né d’à peine 8 jours que j’allaitais. J’ai passé 48h hospitalisée pour ce qui s’est révélé être un épanchement dans l’abdomen, dû à l’hématome qui avait éclaté et qui s’était propagé dans l’utérus et dans mon ventre. 48h dans un état de choc absolu pendant que le papa gérait tout à bras le corps…
Mon homme. Mon amour. Qui s’accroche et assure comme une bête depuis le jour J.
Et puis je suis enfin rentrée définitivement auprès d’eux, meurtrie, pas complètement guérie. Mais soulagée. Et nous avons repris notre adaptation tous les quatre. Et pour l’instant tout va bien. Tout. Va. Bien.
A ce jour il m’est difficile de trouver une conclusion, une morale, une analyse ou même une phrase de fin. C’est trop récent, trop à vif. Ma sage femme est en colère, ma généraliste aussi, mon homme et mes proches aussi… moi je ne sais pas. Avec des si… Et puis je crois que je m’en veux aussi de ne pas avoir su refuser le ballonnet, que je m’attribue donc une part de responsabilité dans tout ça.
Je dirais peut-être : lors de vos accouchements et même avant, écoutez-vous, exprimez vos craintes, vos doutes, vos refus, vos raisons, vos choix. Et suivez votre instinct, vos pressentiments. Et en même temps… il faut aussi savoir faire confiance. J’ai eu tellement d’interlocuteurs prévenants et professionnels durant cette aventure difficile.
Et qui étais-je pour refuser cette tentative de déclenchement naturel ?
Je vais tacher d’oublier cette partie de l’histoire et ne me concentrer que sur ce bonheur pur, cette joie, cette bénédiction : l’arrivée de notre si jolie plume au sein de notre famille.
Et maintenant que grâce à vous j’ai un peu évacué le traumatisme… je vais pouvoir de nouveau vous partager mes meilleurs moments du quotidien (et les pires, vous me connaissez !!) et vous préparer un article sur notre nouvelle vie a quatre.
Ps : je me rends compte que je n’ai pas mis beaucoup d’humour dans ce billet, parce que pour l’instant c’est compliqué… mais d’ici quelques jours ça va revenir, PRO-MIS !!
Des bisous.
#laféeseremetdoucement
2 Comments
Désolée de lire que ce nouvel accouchement s’est avéré si difficile…j’espère que vous pourrez maintenant vous concentrer sur la construction d’une vie heureuse à 4…
Il va te falloir du temps pour digérer cette avalanche de traumatismes. Je te souhaite une réparation morale et physique la plus complète possible.