Ma très chère amie, je crois qu’on est pas loin de refermer un chapitre de notre vie… celui des couches, des bibis au bord de l’évier, de la poussette dans le coffre et des moult portés de bébés qui te détruisent les métacarpiens. Tu vois de quoi je parle ?
Ce tunnel des 0-3 ans vécu deux fois à la suite et qu’on ne vivra plus jamais… je peux te dire qu’on y a beaucoup appris sur nous-mêmes. (j’en profite d’ailleurs pour passer un message à celles et ceux qui sont en plein dedans et qui désespèrent de retrouver un jour leur équilibre : on s’en sort, je te le promets, regarde j’ai un pied dehors ça y est !)
Cet article sera partial, subjectif et personnel, je n’y donnerai aucune leçon. Je veux simplement t’y raconter ce passage vertigineux, dont certains sortent parfois abimés, et pourquoi on a la chance d’en sortir plus forts. Une rétrospective en quelques sortes. Et après ça on pourra refermer cet oeuvre que j’intitule très modestement « La trime dure 3 ans ».
Le démarrage : la première année de notre fils
Beaucoup d’amour et de bonheur, bien-sûr, mais aussi beaucoup de fatigue et de frustration (pour moi particulièrement je crois) : il nous a fallu du temps pour accepter et digérer la disparition de notre vie d’avant, une vie à deux si facile, si géniale… pour une vie de parents nerveusement épuisante. On est passé de « couple parfait qui s’engueule jamais et qui voyage beaucoup » à « couple fatigué, qui fait des allers-retours entre boulot et pédiatre et qui rencontre chaque jour une nouvelle difficulté ». Histoire d’épicer le tout, le fiston se réveillait plusieurs fois par nuit et se levait le matin aux alentours de 6h… aïe. Quand j’y repense je sais pas comment on a tenu ! Tu vois, avec le recul, le choc du premier enfant fut pour nous bien plus fort que celui du deuxième. Clairement on s’attendait pas à ça.
Ses deux ans, ou « l’année qui pique »
L’année du deuil pour mon homme, et celle de la crise des deux ans et des premiers signes d’hypersensibilité pour notre fils : on a passé une année entière à jongler entre manque de sommeil, remises en question, épuisement nerveux et engueulades quotidiennes. L’année de la tempête, où notre couple a beaucoup tangué. Notre fils passait au mieux pour un hyperactif, au pire pour un gamin capricieux et colérique. Mon mari tournait en boucle : « avec tes conneries de bienveillance, ça va faire un délinquant qui nous tapera dessus à 15 ans » et autres « ce qui lui manque c’est des recadrages, au lieu de tout lui passer comme ça ». Et dès qu’il en tentait un de recadrage, je fondais sur lui tel Zorro dans ses heures de gloire, toutes griffes dehors, pour consoler mon fils et l’emporter loin de ce père qui réagissait comme il avait appris à réagir. Qu’est-ce qu’on s’est marré, je te dis pas.
Le fameux « et du coup, qu’est-ce qu’on fait ? »
Les trois ans de l’enfant unique : l’année où tu respires enfin ! On redort, on dit adieu à la nounou, on retrouve une vie financière agréable et puis on a désormais un vrai petit gars à nos côtés…! En un an mon homme a parcouru un long et beau chemin vis à vis de notre fils : il a compris que son fiston était différent, très sensible mais aussi très intelligent et curieux, que chaque émotion est vécue chez lui de façon exacerbée et que l’éducation « tradi-rigi-puni » ne peut s’appliquer à un enfant comme lui. Il intègre désormais sa sensibilité, il adapte son éducation, son attitude. Je suis si fière et soulagée.
D’ailleurs, j’en profite pour le dire : si ton enfant est hypersensible et que ton mec ne veut pas admettre la nécessité d’adapter votre éducation… NE LÂCHE RIEN, tiens bon, parle, explique, réexplique, des mois durant, n’hésite pas à taper à la porte d’un(e) pédopsy si besoin… mais ne lâche rien, parce que s’il ne le réalise pas, il pourrait faire pas mal de dégâts et gâcher des choses précieuses dans le coeur et la tête de son enfant.
Pardon je m’égare, je disais donc : le deuxième sujet important de ce chapitre fut LE CHOIX, ahaha. Après de longues années de réflexion on a décidé de sauter le pas et de faire un deuxième enfant. Je suis tombée enceinte en novembre : deux oeufs (putain), un seul qui a tenu, et une seconde grossesse assez similaire à la première finalement.
La nouvelle vie à quatre
Je te l’ai racontée cette vie à quatre, dans plusieurs articles… On s’est préparés comme des sportifs professionnels, on s’était coachés pour pas reproduire nos erreurs… et ben écoute ça a payé !! On a clairement bien moins morflé, on a savouré cette dernière salve de petite enfance, on a vraiment géré à 50/50, ajouté de grosses doses d’humour et d’autodérision à nos galères, réduit la durée des prises de tête, et puis surtout on SAVAIT que tout ceci n’était que passager, que c’était un tunnel épuisant mais gratifiant et surtout temporaire. Et puis on était devenu une belle famille… quatre complices, les quatre pieds de la chaise comme je me plais à dire avec poésie (ou pas). Ah et on s’est marié aussi, histoire de.
2020 : l’année de la maturité, baby !!
Comme son frère, la miss nous fait le plaisir de nous laisser dormir la nuit depuis ses deux ans. Elle évolue dans cette maisonnée comme un petit poisson dans l’eau… Aidés quelques temps par une pédopsy, nous avons ensemble progressé dans la gestion des émotions de notre grand, c’est encore compliqué parfois, surtout face à l’omniprésence de sa petite soeur, mais il grandit et murit, il est merveilleux et il a la chance d’avoir une maîtresse très à l’écoute… je te le dis : on a pas fini de travailler mais c’est joli et prometteur.
Du côté de notre couple, nous avons fêté nos dix ans et avec eux le renforcement d’un amour déjà solide. On a réussi à s’aimer plus fort après un deuxième enfant et un mariage, t’imagine ? On a réussi à se retrouver intacts, moi qui, une fois enceinte, avait eu si peur de provoquer notre perte. Parce qu’on avait appris de notre « première parentalité », qu’on en avait tiré des enseignements et des leçons, et qu’on a appris de nous-mêmes.
Et un nouveau chapitre qui s’annonce…
La vasectomie de mon homme, la rentrée à la maternelle de la miss, la grande maison qui se construit à quelques pas de l’école (on devrait emménager pour Noël)… 2021 est l’année où l’on va refermer le livre de la petite enfance pour en ouvrir un nouveau, riche et merveilleux. Celui des découvertes en famille, des moments partagés avec nos désormais plus « grands » enfants.
…Et moi dans tout ça ?
Aucune mélancolie ici, pas même celle du ventre vide. Je me sens complète, je suis ravie et soulagée d’envoyer valser la table à langer et la poussette, les sujets RGO et coliques me barbent, je me suis désabonnée des comptes de puériculture, j’ai cessé de suivre La Matrescence et compagnie. Je grandis avec mes enfants, je dis au revoir à mes angoisses de jeune maman, je me libère du poids de la maternité, je n’ai même plus à gérer de contraceptif… En fait je crois que je n’ai plus besoin de tuteur pour grandir en tant que mère, j’ai désormais juste besoin d’être en confiance, entourée des bonnes personnes et de pouvoir compter quoiqu’il arrive sur l’équipe que l’on forme avec mon homme.
Et toi, comment tu l’as vécue cette période de la petite enfance ? T’en es ressortie grandie ou au bout du rouleau ? Et surtout : T’EN AS APPRIS QUOI ?
En tout cas… En voiture Simone ! Direction un nouveau chapitre, tu viens ?
#lafeegranditaussi
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