Il était 15h, on attendait devant la porte de l’école.

La nounou t’avait réveillé plus tôt pour ne pas rater l’événement. A 15h01 je prenais toujours mon air le plus détendu du monde, à sortir de la blagounette et du bon mot qui va bien. A 15h02 ils ont ouvert les portes, mon cœur s’est décroché au rythme du cliquetis de la serrure. A 15h04, tu avais investi le terrain en mode « pure confiance », comme un candidat à la présidentielle favori depuis 3 mois. Personnellement j’avais pris 10 ans en 4 minutes. Bon.

Nous avons passé 1 heure dans ta future école, nous avons visité, découvert, projeté, limité tes dégâts... je t’ai vu, observé, scruté, détaillé. J’ai gravé chaque instant dans ma mémoire, pour me souvenir mais aussi pour me réconforter, comme on savoure chaque gorgée d’une soupe chaude un soir d’hiver.

Cette heure a été duelle, à ton image. Et à la mienne. On a alterné les « Viens là, ne cours pas, doucement, attends… touche pas ça, non non ne rentre pas, laisse ça, donne-moi la main, reviens… » et les moments « Bulle ». C’est nos moments à nous, que l’on nous envie. On se rapproche, je m’agenouille, tu t’installes sur mes jambes et on se parle, connectés, concentrés. Plusieurs fois, ainsi, je t’ai expliqué en détails ton nouvel environnement. Tu as enregistré chaque mot, chaque phrase, comme un joueur de foot écoute son entraîneur (enfin je dis ça j’en sais rien je déteste le foot). Les autres enfants et leurs parents gravitaient autour de nous et nous regardaient parfois intrigués. Mais c’était notre façon. D’appréhender, de se rassurer, de nous préparer. Et qu’est-ce que c’était beau, bordel.

Bon, on va être clair, la directrice t’a repéré avec ton gang. T’es grillé chaton. Mais cette première année d’école promet d’être riche en aventures et en découvertes pour toi… et riche en émotions pour moi. Mais je vais gérer, promis. Je suis si fière de te voir au milieu de cette cour de récré, si à l’aise et sociable, empathique et sympathique, joueur et malicieux, concentré et investi. J’ai passé 3 ans (et je compte pas la grossesse, hein…) à avoir peur de ne pas être à la hauteur, à douter de moi et à espérer chaque jour que tu deviennes la merveille d’humanité que tu es aujourd’hui. La route est encore longue chaton, mais je ferai tout pour que tu gardes cette sensibilite, cette bienveillance et cette vivacité d’esprit. Quelles qualités si précieuses aujourd’hui.

Bon d’ici là, j’ai deux mois pour t’expliquer que NON la maîtresse ne veut pas forcément faire la ronde avec toi quand elle se met au milieu de la salle de motricité. Et que NON le petit garçon croisé à la bibliothèque n’est pas une FILLE malgré ses beaux cheveux longs et soyeux (et je vais donc essayer de rattraper le coup avec sa mère, hein…).

#laféepréparelarentrée