…calmement, en se remémorant chaque instant. (c’est cadeau )(seuls les vieux vrais savent)
Oui donc cette année j’ai envie de faire un bilan. C’est marrant d’habitude je déteste l’idée… mais là elle s’est imposée à moi (ou alors j’ai un petit début de schizophrénie, ce qui est possible aussi).
Bref là, paf, changement de feeling. Besoin de poser les choses, de poser les mots, d’y voir bien clair et de confirmer mon ressenti sur cette année passée qui m’a fait vivre et réaliser pas mal de choses. Bon allez…
Déjà je me sens bien. C’est très bête mais je tiens à te le dire.
Alors attention, entendons-nous bien : je suis épuisée comme à peu près chacune d’entre nous, quand t’es une maman qui essaie d’être bonne partout, à la maison, avec ses enfants, avec son mec, au boulot, avec ses amis, avec sa famille… mais je suis heureuse de ça, de cette vie-là. Tellement heureuse de « nous » en fait.
Ce deuxième enfant, qu’est-ce qu’on l’a réfléchi, qu’est-ce qu’on l’a hésité… Même durant la grossesse, beaucoup d’appréhensions, de doutes, je pense que tu t’en souviens… Et pourtant aujourd’hui… aaannh le BONHEUR. Quelle évidence, quelle complétude (oui c’est moche mais ça se dit). J’ai l’impression d’être arrivée à l’équilibre de ma vie, qu’avec homme et enfants on est comme les quatre pieds d’un édifice, qu’on est un tout, qu’on est un seul, et que je suis parfaitement entière. « Parfaitement entière », je crois que c’est le terme parfait.
Bref, on a un planning quotidien plus serré que celui d’Emmanuel Macron, j’ai toujours une douzaine de tâches en cours d’exécution dans ma tête, mon cerveau chauffe même la nuit, on a désormais un budget aussi serré que le tour de taille de Zahia, la journée nos moments de tranquillité ne dépassent pas 10 minutes montre en main avant que l’un ou l’autre des enfants ne se manifeste allègrement et globalement on a l’impression de jamais vraiment pouvoir se poser. MAIS. On est heureux.
Je dis ça aussi parce que :
1 – on dort (toi-même tu sais)
2 – à part une mini otite/angine, on a pas encore affronté de maladie particulière à la maison cet hiver (toi-même tu sais aussi)
Donc voilà, le bazar va bien arriver à un moment : les dents, une bronchite, une gastro, des cauchemars… que sais-je. Mais là, ça va.
Côté travail, j’ai repris le travail en 4/5ème en novembre, sans trop de difficulté parce que j’étais heureuse de retrouver mon équipe, la nounou de la petite est top et mon mercredi avec les enfants est super appréciable. Bon professionnellement un mercredi sans travailler, paf comme ça en plein milieu de la semaine, c’est parfois compliqué mais je verrai à l’usage. Parfois je réfléchis aussi à « plus tard », je commence à me dire qu’un jour ça serait chouette de pouvoir mettre à disposition mon savoir-faire au profit de quelque chose qui a du sens, qui me touche, quelque chose d’utile… mais je creuserai ce sujet plus tard, dans quelques années je crois.
Bref cette année fut belle mais j’ai aussi eu peur/douté/souffert/vécu un traumatisme (j’écris ce mot en me demandant si j’ai raison de l’utiliser parce qu’il me semble super fort, mais je crois que c’est quand-même ça). L’épisode de mon accouchement reste gravé dans mon esprit. J’essaie vraiment de passer outre, de me dire voilà c’est fini, ma fille est là, tout va bien, nous sommes heureux tous les quatre… mais des fois le souvenir revient comme un boomerang au hasard d’un moment blanc et la douleur ressurgit dans le plexus et au fond de la gorge, très vive, remplie d’amertume et de tristesse. Ça fait pourtant 5 mois et je me sens toujours choquée et meurtrie, physiquement et psychologiquement. Meurtrie dans ma chair, dans mon intimité et dans mon intégrité. Si j’avais osé dire « non on ne tente pas la voie basse, je sais que ça ne marchera pas, on fait la césa », il n’y aurait pas eu ce ballonnet trop gonflé, cet éclatement, cette douleur, cette catastrophe frôlée pour elle et moi, cet hématome, cette ancienne cicatrice de césa qui commence à se rouvrir, ces douleurs, l’hémorragie et cette hospitalisation seule loin de mes enfants une semaine après la naissance…
Mais avec des « si », oui je sais ce que tu vas me dire.
Enfin bon, pour l’instant j’en suis au point où je n’arrive pas à prendre RV pour la pose du stérilet, parce que je suis tétanisée à l’idée que l’on touche encore à cet endroit et qu’il puisse se passer la moindre complication. Alors je prends ma pilule chaque soir en maugréant… bref on verra bien.
Le deuxième coup dur ça a été la perte du père de mon homme en octobre, 2 ans et demi après celle de sa mère et 2 mois après la naissance de notre fille. Je crois que j’ai été plus en colère que triste. En colère contre le sort qui s’acharnait sur mon chéri et sur notre famille, en colère car grâce à cette naissance mon homme avait enfin pu tourner une page douloureuse de sa vie (le deuil de sa maman) et que cette dernière le projetait à nouveau dans la souffrance. Mais on en est sorti, du moins en grande partie, sans s’être abimés, et c’est une belle victoire.
Évoquer ce sujet me fait penser à la famille dans sa globalité (oui je ne prépare jamais mes articles à l’avance t’as vu, ça vient comme ça), là aussi 2018 m’a permis d’entériner un sentiment, une certitude, de façon assez sereine. Chacun sa famille, certains ont la chance d’en avoir une aimante et unie, d’autres non, avec au milieu une cinquantaine de nuances de spécificités. La mienne est bizarre, pour faire court. J’ai grandi toujours tiraillée entre deux feux, entre deux camps, entre deux versions, entre deux mondes. Le marteau et l’enclume n’ont aucun secret pour moi depuis ma plus tendre enfance (je comprends pas comment j’ai pas fait chaudronnerie…). Famille aimante mais parfois toxique. Mais aujourd’hui j’ai 33 ans passés, je suis maman, je couve mon foyer, mes oisillons… la maternité et la parentalité m’ont fait mûrir aussi et m’ont fait comprendre, aplanir, analyser, digérer. J’ai fait mon autopsychanalyse (ça a ses lacunes et elle est loin d’être achevée) et au fil de l’année j’ai tissé mon bilan, j’ai trié, posé des mots, compris des choses et surtout je suis arrivée à l’équilibre : MA vie n’est pas la LEUR. Ceux qui t’ont élevée qui habitent ensemble mais qui s’écharpent, la mère plus enfantine que sa propre fille, le père absent, ceux qui jugent ta façon d’élever tes enfants, tes choix, trouvant à critiquer la moindre de tes habitudes, celle qui veut inconsciemment te transmettre ses angoisses et ses peurs irrationnelles, ceux qui aspirent les fake news et transpirent les clichés sexistes, ceux qui tantôt te trouvent trop laxiste puis trop autoritaire… *soupir*
Famille je vous aime, je vous (h)ai(n)e, et je m’arrête là. Car là aussi, comme j’aurais du le faire à la maternité, je dois m’écouter, me préserver. Il y a peut-être un côté égoïste là-dedans mais gérez vos névroses, je gère les miennes. Être présente sans être bouffée, être là sans être étouffée, être aimante sans être aspirée, être à l’écoute sans être influencée. La famille proche mais pas trop, prendre le bon et leur laisser le reste, ça sera mon équilibre familial 2019. Pour tout le reste, les vrais amis (la famille que l’on se choisit) sont là, et c’est parfaitement suffisant.
Bon je pense qu’on a fait le tour, qu’est-ce que t’en penses ?
Ah si, pardon : pour rappel en août 2018, 15 jours après mon accouchement, une fin d’après-midi où je revenais de la douche en mode pas franchement sexy dans la chambre en bordel, mon mec m’a demandée en mariage. Voilà. Donc j’ai dit oui hein. Donc en 2019 je serai cernée, fatiguée ET mariée.
Et toi, c’est quoi ton bilan ?
PS : note quand-même que j’ai placé Macron et Zahia dans un seul et même paragraphe… je suis pas peu fière.