Et coucou toi.
Il m’est arrivé pas mal de choses ces dernières semaines, que je te relaterai ce we dans un prochain article… (tu noteras que j’ai un bac+8 en teasing)
Tu me connais, je voulais te raconter tout ça avec mon cœur, avec mes tripes (je viens de voir Top Chef avec l’épreuve des abats, c’est peut-être pour ça, aussi…) même si je sentais que mon aventure du moment me rendait un peu plus « fragile », un peu moins sûre de moi.
J’ai essayé pendant près de deux mois. Je me connectais, je préparais ma plume. Mais j’ai été atteinte par un phénomène actuel qui en temps normal ne m’aurait même pas fait lever un sourcil : les aspects néfastes des réseaux sociaux.
Avant même d’arriver à ma page, j’avais déjà intégré que :
– je suis d’ores et déjà un assassin doublé d’un traître sans cœur ni cervelle parce que… je mange du Nutella
– notre mode de vie laisse à désirer car je ne suis ni vegan ni glutenfree, je n’achète pas que du bio, mon fils mange des goûters industriels et des cordons bleus Père Dodu ou Le Gaulois (désolée les gars mais il faut bien que je la finisse ma carte de France, puis mon mec m’a promis de m’épouser le jour où il tombe sur le département des Landes alors hein…)
– j’ai apparemment d’ailleurs mis mon fils en danger plus d’une fois car je lui ai foutu des Pampers dans sa tendre enfance
– je ne l’aime pas non plus beaucoup parce que des fois on se fait des we en amoureux sans lui et que je ne l’ai allaité qu’UN MOIS (posez ces tomates) et qu’attends, en plus je l’ai VACCINÉ !!! (ok vous pouvez appeler les services sociaux)
– je suis has been car mes placards ne sont pas zéro déchets, je n’ai pas de collection de graines et je ne sais pas faire ces fameux bols açaï 100% healthy qui coûtent l’équivalent du PIB du Bangladesh à leur propriétaire chaque matin
– je suis aussi une mère un peu pourrie parce que je n’ai ni la collection complète de Montessori ni la passion de la DME (au secours), et qu’en plus mon fils mate des dessins animés chaque matin (et il parle super bien avec un langage très élaboré mais bon on s’en fout c’est pas ça qui compte, n’est-ce pas)
– apparemment je suis pas à la mode non plus parce que clairement plutôt crever que de me balader sans soutif et que jamais je n’aurai des aisselles hirsutes (et j’aime les ballerines, BOOOOUMM, voilà !!!)
– et j’ai du rater un truc de toute façon car j’ai beau m’interroger je ne comprends pas les multiples micro-pseudo-scandales quotidiens relayés sur Facebook : comment peut-on en arriver là ? Comment peut-on à ce point derrière son écran crier au scandale sur tout, déformer, amplifier, décontextualiser, comprendre de travers, insulter, juger, se déchirer, vomir sur les autres, n’avoir aucune empathie, aucune bienveillance, aucune indulgence, déverser des inepties, ne pas réfléchir, ne pas se documenter, ne pas avoir de second degré, crier au loup, crier tout court, blesser. BLESSER.
Alors bon… voilà. J’ai pensé aux autres nanas, aux autres mamans, peut-être fragiles, ou en manque de confiance en elles. Je me suis dit que ça devait quand-même être violent pour elles au quotidien. Et puis bon du coup, je me demande : on peut continuer de se parler avec le cœur ? Sans avoir la crainte d’être jugée ?
Un dernier événement m’a assommée, une blogueuse que j’aimais beaucoup : Livia, de La famille B (une jeune femme, maitresse d’école et mère de 3 petite filles, qui contait son quotidien avec une plume délicate et parfaite) s’est vue contrainte de fermer son blog car elle avait été dénoncée à sa hiérarchie de l’Education Nationale et s’était vue sommée de le fermer. Tristesse.
Je me suis demandé si ça valait vraiment le coup tout ça. Vous, toi, moi. Si j’allais vraiment pouvoir toujours être sincère ou si il allait falloir que je choisisse mes mots, mes sujets, mes photos. Pour des trucs bien lisses et instagrammables. En parlant d’Instagram, tu sais quoi, je me suis désabonnée de certains comptes maternels. J’en pouvais plus de leur étalage parfait, si beau, si doux, si tendance, si bio, si MontessoDME avec leur parquet huilé, leurs plaids, leurs jouets en bois et leurs gâteaux maison. Chaque jour, chaque story, chaque photo, je me disais « non mais c’est pas possible, je suis une mère de merde ou quoi, comment elles font ? ».
Et puis un soir, j’écoutais une story de Maman Louve, une maman que j’aime beaucoup suivre parce qu’elle est vraie, cool et sympa. Elle disait qu’à chaque fois qu’elle postait un instantané de « vraie vie » avec un peu de fatigue, de trime ou de ras le bol, elle perdait quelques dizaines d’abonnés. Et en fait elle disait avec beaucoup de douceur « tant mieux », que c’était bien comme ça. Ça m’a fait tilt.
Alors me revoilà. Et puis on verra, hein. Et puis ici on est mignon, on est bienveillant et on aime les cordons bleus (je vous rappelle que j’ai un mariage à la clé hein).
Allez, bisous.
#laféefatiguéemaisçavamieux