Voilà deux mois que notre vie a basculé dans un joyeux bordel. On navigue entre le Cocoonababy et les paquets de couches, entre les babygros légèrement tachouillés et la vitamine D, entre le pliage efficace de poussette et le changement de couche en vision nocturne. Bref comme diraient plutôt les blogueuses : entre la fatigue, l’organisation fébrile et le bonheur incommensurable. (j’ai placé incommensurable, jdcjdr)
J’ai reçu pas mal de messages m’interrogeant sur notre nouvelle vie à 4, sur la gestion avec un deuxième enfant, mais j’avais besoin d’un peu de temps et de recul pour te raconter, tu comprends.
ALORS CE DEUXIÈME ENFANT ?
Elle est belle ma petite brune. Elle est belle…
Moi tu sais je vais être honnête (tu commences à me connaître…) je n’ai jamais connu le tsunami d’amour de dingue dont parlent certaines au moment de la rencontre avec mes bébés. Peut-être est-ce dû au fait qu’ils sont tous deux arrivés en avance et que sur le moment j’étais plus préoccupée par leur état de santé que par autre chose… enfin bref, moi mes bébés je les ai aimés progressivement, au fil des heures et des jours, à mesure que je faisais leur connaissance et qu’on s’apprivoisait. Et cet amour maternel est d’autant plus fort aujourd’hui.
Ça fait 1 mois qu’on est juste toutes les deux la journée elle et moi, car papa est au travail et son frère à l’école (ou l’inverse je sais plus), et je me l’aime d’amour cette petite boulette, je me l’aime.
Nous sommes face à un spécimen de deux mois « so chouki » plutôt cool, résistant au vacarme fraternel, raffolant des sorties en poussette, souffrant de quelques coliques nocturnes malgré l’allaitement (là encore hein au revoir le cliché), et nous faisant bénéficier à ce jour d’un sommeil continu de 22h30 à environ 5h du matin, ce qui n’est pas si dégueulasse (abstraction faite du fait que je me recouche donc à 6h et me relève 30 min après pour m’occuper du grand et l’amener à l’école… aïe, ça pique). Enfin je te dis ça mais depuis 3 nuits (depuis la pleine lune en fait, y a-t-il un rapport ??) elle nous fait l’honneur d’une animation nocturne assez retentissante, pourvu qu’elle se lasse rapido…
D’ailleurs globalement on sent bien qu’on a vieilli l’homme et moi, qu’on est pas aussi résistants qu’il y a 4 ans (le temps est une garce) et que les cernes marquent aussi VACHEMENT plus vite (c’est dingue). Donc on va pas se mentir, c’est fatigant mais on est aussi beaucoup (BEAUCOUP…) plus cool que pour numéro un : on est déjà passés par là, on sait relativiser et même si parfois on a un peu perdu la main, rien ne s’oublie ça revient vite. Par conséquent il y a bien moins de stress et de tension à la maison, clairement, et puis on bouge souvent, on s’interdit rien, on profite, on va au resto avec la poussette, choses qu’on osait pas faire avec le premier tu vois.
Quand on regarde la demoiselle aujourd’hui on sait qu’elle a toute sa place dans cette maison, qu’elle est là où elle doit être, que c’était écrit. Son frère l’aime fort, nous aussi, on est bien bien bien. Fatigués sa race mais bien.
ET LE GRAND FRÈRE ??
J’attendais le drame, le clash, le déchirement, les crises, le rejet, la souffrance. Je n’ai rien eu de tout ça.
Notre fils a mis quelques temps pour intégrer cette nouvelle petite personne, cette nouvelle vie, ce nouveau quotidien. Parallèlement à ça, en bons soldats on a multiplié les attentions envers lui, les activités, les sorties et les moments à deux ou à quatre sans jamais lui mettre de pression vis à vis de sa soeur. Et malgré la fatigue, la petite et les imprévus, nous n’avons rien changé à ses habitudes ni au rituel du soir. On a tenu notre promesse, on a tenu tout court et on a réussi le passage. Et on en est plutôt fiers accessoirement, parce que c’était très très important pour nous de ne pas le faire souffrir, je t’avoue… Nous sommes actuellement à un stade ou il alterne neutralité et beaux moments d’affection, en gros il patiente : il attend qu’elle daigne enfin jouer avec lui cette petite chose mollassonne.
Et puis quand je le regarde, comment te dire, je vois qu’il n’aurait pas pu grandir seul. Enfin si techniquement ça aurait pu. Mais à l’intérieur, dans son ptit coeur, il est fait pour avoir un frère ou une soeur, un complice près de lui, autre que ses parents. C’est très bête lu comme ça, mais j’en suis intimement persuadée : il n’est pas fait pour être seul. Alors les difficultés sont pas finies hein, mais on a réussi le premier round, et bordel c’est rassurant !
Après il y a d’autres choses auxquelles on doit faire face avec lui : l’arrivée de sa soeur a fait germer en lui les questions sur la naissance, la vie et… la mort. Et j’étais pas prête, clairement… « Mamie elle est vieille, hein, donc elle va mourir ? Moi je veux pas qu’elle meure mamie, jamais, jamais, jamais. » « Et moi un jour je serai papi hein ? Donc je vais mourir aussi… Mais je veux pas mourir moi… » (là normalement j’ai deux ou trois larmes qui pointent) « Mais c’est comment quand on va au ciel ? Ya qui au ciel ? Je vais être tout seul au ciel quand j’y serai ?? » (là je me liquéfie et je nage dans une marée d’eau salée ophtalmique). Alors je vais m’occuper de ça, faire des recherches, trouver les mots juste, sans pleurer, et répondre à ses questions.
Et puis il y a l’arrivée d’autre chose, je suis pas sûre que cela ait un rapport avec sa soeur mais plutôt avec son âge (4 ans et demi) et avec l’école. Comme je l’écrivais sur Facebook, il a toujours été ouvert et jovial, embrassant toute nouvelle expérience avec un plaisir non feint… Mais depuis quelques temps cette candeur si précieuse s’est estompée pour laisser place à quelque chose qui ne me plait pas mais contre quoi je vais avoir du mal à lutter. Face à certaines situations ou actions nouvelles, il réfléchit, fronce les sourcils, reste immobile ou hésitant voire fait carrément demi-tour pour se planter droit comme un i en croisant les bras d’un air mi clown, mi contrarié, mi déterminé : « NON je veux pas. » C’est la peur qui parle. Ou les peurs. Celle du regard des autres, celle de rater, celle d’être jugé. J’ai l’impression qu’il vient de perdre quelque chose de beau et de précieux, un morceau d’enfance, une légèreté de l’âme et du cœur. Et c’est douloureux pour moi d’assister à ça… Alors oui, lorsque ces moments arrivent, je m’assois à sa hauteur, et puis on parle l’air de rien de sa peur, j’essaie dans une pirouette de lui réinsuffler la confiance et l’envie d’essayer sans le forcer. Et oui la plupart du temps ça fonctionne… Mais pour combien de temps ?
Je voudrais tellement le préserver de tout ça, même si, ça va, je sais très bien que je ne pourrai pas le protéger éternellement de tout. (mais une mère reste une mère hein : ya la tête et le coeur et tu sais bien que le second ravage tout)
C’est aussi ça d’avoir deux enfants d’âges différents : on fait face en simultané aux coliques de l’une et à la peur de la mort de l’autre.
BON OK ET TON COUPLE ALORS ???
Ben écoute, pour l’instant ça se passe hyper bien ! C’est l’hallu, on s’est toujours pas engueulés depuis la naissance… On est même plutôt bienveillants et empathiques, en mode solidaires, comme on se l’était promis en mode frères d’armes avant la naissance : « je te lâcherai pas Barry », « moi non plus Lincoln… on vit ensemble, on meurt ensemble, passe-moi le bibi ».
A l’arrivée du deuxième à mon avis le secret c’est qu’il faut VRAIMENT être deux. A ce jour, on est vraiment à 50/50 sur les tâches. Il avait aussi pris 15 jours de congés après les 15 jours de pater pour arriver à 1 mois de présence à la maison pour s’occuper du grand (vacances) comme un chef et se lever la nuit avec moi. Et même si il travaille maintenant, il reste très investi, fait à manger tous les soirs pendant que je donne les bains, etc. Et clairement on va pas se mentir, ça change tout.
Bon faut quand-même admettre qu’actuellement le quotidien est plutôt facile : maman est à la maison en congé mat, papa est au travail… donc ne crions pas victoire, on va en avoir des moments de galère internationale et de tensions intersidérales, mais pour l’instant on tient nos engagements et on est bien.
Et il y a une autre raison à cette sensation de plénitude : on a l’impression que ce que nous vivons actuellement, que cette configuration, est une évidence. Ouais m’sieurs dames. On devait être quatre, c’est ce que nous devions devenir, c’est certain, c’est évident. Adieu les doutes, adieu les pour et les contre… Bonjour l’équilibre et l’amour, bonjour mes deux enfants. (et bonjour la bague de fiançailles et la demande en mariage #jackpot)(j’ai bien fait de sacrifier 9 mois j’vous le dis)
ET TA CONCLUSION DE TOUT ÇA…?
Ma conclusion elle est simple : on a bien fait d’écouter un peu plus notre coeur et un peu moins notre tête. Bien fait de sauter le pas. Bien fait de dire d’un voix nasillarde « J’y vais mais j’ai peeeur ! » (tu l’as ?).
Ca sera pas facile tous les jours, on le sait, c’est pas une surprise, mais on est sûrs d’une chose : on devait être quatre.
Quatre fois plus d’emmerdes, de bazar, de bonheur et d’amour… et ça sera très bien comme ça .
#laféeestcernéecommeunpandaendépression